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SIGNER UN BON DE SORTIE DE LA
PRECARITE ENERGETIQUE
Le mot de Jean-Louis Bricout, député de l'Aisne
Le Covid-19 met à mal toutes les certitudes. Le dogme libéral montre désormais ses limites et la mondialisation ses frontières. Les certitudes d’hier confortent les incertitudes d’aujourd’hui. Les battements d’ailes du papillon asiatique découvert dans une province chinoise méconnue nous précipitent dans une crise où résonne un ultimatum écologique et social et nous placent devant la nécessité de donner une nouvelle dimension à l’action.
Face à l’urgence sociale catalysée par cette crise s’ajoute l’urgence climatique. Le bâtiment représente 43% de la consommation d’énergie finale en France et compte pour près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. La rénovation énergétique des logements est identifiée depuis longtemps comme un gisement majeur de bénéfices écologiques et économiques en continuité, mais aussi vecteur de progrès social.
Relancer l’économie en même temps que la confiance, l’occasion est donnée au Président de la République et au Premier Ministre de saisir cette opportunité et prouver à nos concitoyens qu’ils peuvent bénéficier d’une transition écologique qu’ils redoutent toujours ; que le dé-confinement ne se limitera pas à un simple bon de sortie, mais, constituera, également, un bon de sortie de la précarité énergétique.
Avant la crise sanitaire, nous appelions de nos vœux à un new deal énergétique. Nous appelions de nos vœux à la mise en place de la « Prime Climat » qui à elle seule, conjuguait enjeux sociaux et écologiques en stimulant l’économie de proximité que représente le secteur du bâtiment.
Le Président de la République en appelle au jour d’après, à l’humilité, à l’Union Nationale. II n’y a donc plus la place pour le jeu politique par le rejet de solutions efficaces et innovantes que propose l’opposition. L’heure est à l’écoute et à la co-construction. C’est notre responsabilité pour les générations futures. La « Prime Climat » doit être réexaminée sous un autre prisme en l’améliorant si besoin.
La « Prime Climat » ambitionne de mobiliser 510 milliards d’investissement en 30 ans. C’est le prix à payer pour l’élimination des passoires thermiques « logements classés F et G) en 10 ans en sortant 12 millions de personnes de la précarité énergétique. C’est le prix de la neutralité carbone à l’horizon 2050 sur une base de la rénovation de 760 000 logements/an.
La « Prime Climat », c’est la simplicité tant voulue mais jamais acquise et pourtant si nécessaire à une approche globale de la rénovation complète et performante du logement et indispensable à la réorientation des crédits pour leur optimisation.
La « Prime Climat », c’est l’efficacité des travaux réalisés et la tranquillité des familles avec l’accompagnement de l’ANAH et ses mandataires habilités.
La « Prime Climat », c’est une approche budgétaire innovante qui contourne le reste à charge des familles, frein récurant à la réalisation des travaux.
Nos codes budgétaires sont bouleversés, l’ANAH avance et paye la totalité des travaux mais le propriétaire ne remboursera qu’entre 60% et 80% du montant des travaux suivant des critères sociaux. La part avancée sera remboursée progressivement ou totalement au moment de la mutation du bien (Vente ou succession) ou à tout moment en cas de meilleure fortune.
Enfin les dates d’accès au dispositif (2021-2031-2041) dépendent de la performance du logement pour lisser les financements au regard de l’urgence des situations.
Au final, la « Prime Climat » est un dispositif simple et universel en permettant aux locataires ou propriétaires de déclencher les travaux d’amélioration de la performance de leurs logements sans rien débourser, sans rien à gérer du chantier et de son financement. Les économies d’énergie générées permettent un gain net de pouvoir d’achat puisqu’il n’y a pas de reste à charge à financer par un prêt.
La « Prime Climat » facilite aussi l’accès au financement d’une première accession à rénover.
Si l’humidité et le froid tuent moins formellement, dans le huis-clos privé et la plus grande indifférence, ils affectent des locataires qui vivent aussi mal qu’ils se chauffent. Le COVID -19 a joué ce rôle de révélateur d’inégalités trop souvent niées et mal appréhendées, le domicile s’affirme comme un marqueur social.
Cet épisode douloureux nous oblige à imaginer un monde d’après où la lutte contre le mal logement et la rénovation énergétique devient une priorité absolue au service du progrès social et de la planète. La « Prime » répond à ces enjeux et permet de répondre au défit de la relance économique qui nous attend. Il nous faut changer d’échelle, agir vite pour rattraper la décennie perdue et redémarrer sur des bases nouvelles. Un nouveau contrat social doit-être refondé, reconsidérant la hiérarchie de nos valeurs et de nos priorités.
Par Jean-Louis Bricout, Député de l’Aisne